
À la sortie du Cloître de Bramante, à deux pas de la place Navone, les passants tombent sur une fresque surprenante : “The Chicago Pope”. Le pape y est représenté en maillot des Chicago Bulls, l’équipe de sa ville natale – Chicago – ballon à la main et cape étoilée dans le dos, comme un joueur de NBA prêt à entrer sur le terrain. Une façon originale de mêler tradition, sport et pop culture dans un lieu chargé d’histoire.
Installée à hauteur d’œil, cette œuvre s’inscrit dans un dialogue fascinant entre le cloître Renaissance, aujourd’hui lieu d’expositions d’art contemporain, et la culture pop et urbaine.
Avec The Chicago Pope, TVBoy son auteur, frappe à nouveau en mêlant l’univers religieux au sport et à la culture américaine. Le pape devient une icône pop, aussi proche de Michael Jordan que de Saint Pierre. C’est une manière d’attirer l’attention sur la place du sport, de la jeunesse et de la culture populaire dans une Rome éternelle où l’art, qu’il soit Renaissance ou street art, continue de dialoguer avec le présent.
Qui est TVBoy ?
Derrière ce pseudonyme se cache Salvatore Benintende, né en 1980 à Palerme, installé à Barcelone. Surnommé le « Banksy italien », TVBoy est l’une des figures phares du néo-pop urbain. Son style consiste à détourner des icônes – politiques, sportives, religieuses ou culturelles – pour leur donner une résonance contemporaine, souvent teintée d’ironie et d’engagement social.
Les papes vus par TVBoy
The Chicago Pope n’est pas sa première incursion à Rome autour de la figure pontificale. Plus tôt en 2025, il avait représenté le pape François en ange lumineux, accompagné des mots Love et Pace, sur un mur proche du Vatican. L’artiste l’avait décrit comme « le pape de la paix », en contraste avec les tensions de l’actualité mondiale.
Une technique éphémère
TVBoy travaille principalement avec la technique du postering : il imprime ses œuvres sur papier puis les colle directement sur les murs. Cette méthode est volontairement fragile et temporaire : le papier se décolle, s’effrite ou se déchire avec la pluie, le vent et le temps.
Censure ou disparition naturelle ?
La brièveté de ses œuvres soulève souvent une question : partent-elles d’elles-mêmes ou sont-elles retirées ?
À Rome, certaines interventions de TVBoy ont été rapidement effacées, parfois en quelques heures seulement. Il est difficile de savoir si ces disparitions relèvent d’une censure explicite – par les autorités (à Rome l’on ne rigolade pas avec la religion) – ou simplement d’une logique de nettoyage urbain. L’artiste lui-même joue avec cette ambiguïté : l’éphémère fait partie intégrante de son langage.

